ESAT La Colagne
Première visite au rucher pédagogique le 20 avril 2016

photo6C'est le lundi 18 avril 2016 que les dernières autorisations de la médecine du travail ont été validées afin que les usagers, retenus dans le cadre du projet apiculture, puissent ouvrir les ruches. Malheureusement un des usagers sélectionné n'a pas obtenu son aptitude à la visite des ruches, du fait d'un risque allergique au venin d'abeille. Dommage, car il était très motivé. Peut être est-il malgré tout possible de le maintenir dans le projet d'une autre manière. Pas de problème pour les 5 autres.
Jusque-là, Francis, moniteur de l'atelier et moi-même, nous nous sommes chargés de suivre les 10 colonies de Palherets. Bon hivernage, pas de mortalité, et des colonies plutôt populeuses et bien développées dès la mi-mars. Du fait de cette précocité, les opérations de contrôle de l'essaimage vont devoir démarrer tôt cette année. L'essaimage est un processus de reproduction non sexuel de la colonie, qui a permis à l'espèce de coloniser notre continent depuis son bastion d'origine asiatique. Lors de l'essaimage la "vieille" reine part avec une moitié des ouvrières s'installer à plus ou moins longue distance de sa ruche d'origine. Spectacle toujours fantastique mais qui compromet pour l'apiculteur l'espoir d'une récolte dans l'année. En effet, l'autre moitié de la colonie qui reste dans la ruche d'origine doit élever une nouvelle reine, celle-ci devra être fécondée sans encombres, et les premières naissances n'auront lieu que trois semaines après le début de la ponte de la nouvelle reine. Résultat des courses; la population de cette colonie n'aura que peu de chance de produire beaucoup de miel la première année.
Les causes de l'essaimage sont nombreuses, certaines intrinsèques à la colonie (âge de la reine, désorganisation de la structure sociologique de la colonie, population trop abondante...), d'autres favorisées par des causes extérieurs (météo, mauvaises interventions de l'apiculteur, miellée importante...).
A l'inverse de la nature, l'apiculteur cherche à contrecarrer cet instinct naturel par plusieurs procédés : agrandissement de la ruche, faire fabriquer de la cire aux abeilles ou anticiper l'essaimage par division de la colonie souche. Cette dernière pratique permet de ralentir le développement de la colonie, et par là-même de faire baisser la fièvre d'essaimage. De plus ces essaims artificiels contribuant à développer le cheptel seront les ruches de production de l'année prochaine.
Voilà la tâche principale qui nous attendait en ce 20 avril. Le contrôle de l'essaimage nécessite une visite complète de la ruche et une inspection de chaque cadre (10 par ruche). Cette visite nécessite donc une météo clémente car les abeilles sont fortement "secouées". La température était douce au soleil, mais un vent de sud sensible rafraichissait l'atmosphère, nous avons tenté le coup en tout début d'après-midi. Les usagers ne présentaient aucune appréhension, et avaient hâte, après plusieurs semaines de théorie, de se confronter à la ruche.

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Après s'être équipé, chacun vérifie la bonne fermeture de la combinaison de ses camarades, les enfumoirs sont allumés à bonne distance des ruches (de toute façon nous n'avions pas le choix, car l'herbe humide des prairies de Palherets nous a imposé une marche d'approche assez longue). Le spectacle de ces combinaisons immaculées au milieu du vert des prairies fait plutôt penser à une scène de science fiction, qu'à une activité agricole.
Nous ouvrons la première ruche ensemble, premier contact avec les abeilles, qui bien que présente, ne montraient pas beaucoup d'agressivité, et c'est tant mieux pour une première. Présentation des différentes castes de la ruche, des réserves de nourriture... Ensuite première observation des cadres afin de visionner les différents stades du couvain (secteur des cadres où la reine pond ses œufs). Et comme nous avons marqué la reine, celle-ci fut observée et mise en cage pour la fin de la visite, afin de ne pas la blesser.
Il était temps d'intervenir car dès cette première ruche très forte, nous observons la présence d'amorces de cellules royales pondues, signe d'un prochain essaimage. Afin de freiner cette fièvre, nous avons constitué des ruchettes en prélevant deux cadres de couvains avec leurs abeilles sur les ruches les plus fortes.

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Ensuite deux groupes se sont constitués afin d'éviter d'être entassés autour des ruches. Chacun à pu prendre en charge l'ouverture d'une ruche et sa manipulation. Il faudra répéter souvent ces gestes de base, afin qu'ils deviennent automatiques. Prendre rapidement les bons gestes permettra à chacun de limiter les désagréments lors des journées parfois "tendues".

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Chaque équipe inspecte la ruche de fond en comble et fait le choix, ou non, de prélever un ou des cadres de couvains, en fonction de la force de chaque colonie. Si nous décidons de faire un essaim artificiel il faut par contre trouver la reine afin de la laisser dans la ruche souche. Exercice fastidieux qui demande de la pratique car avec une forte population, et même marquée, une reine ne mesure pas plus de 2 cm. Celles du rucher sont toutes marquées, donc un peu plus facile à trouver au milieu d'une masse grouillante.
Nous la plaçons dans une pince spéciale, afin de la préserver lors de la manipulation des cadres.

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Finalement, la météo a été propice tout l'après-midi, et nous avons pu prendre le temps d'inspecter chaque colonie, de faire baisser l'essaimage, et de poser des hausses sur les ruches les plus fortes. Nous avons constitué 4 essaims qui ont été déplacés directement à Tieulet, commune de Saint-Germain du Teil. Ces essaims ont été nourris et nous contrôlerons la fécondation des nouvelles reines dans un mois.
Belle après-midi en tout cas pour une première, même s'il est parfois difficile de faire de la pédagogie et d'effectuer les opérations nécessaires à la conduite de la ruche. Cependant tout le monde est rentré heureux de cette première rencontre avec les abeilles.

 

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Damien BERTHOULAT, apiculteur